Dimanche dernier, je suis retourné sillonner les rues de Kaunas avec une caméra puis, l'après-midi, j'ai rendu visite à Rasa et Brian qui m'avaient hébergé l'année dernière. Ils revenaient juste d'un séjour d'une semaine à Bari en Italie et n'étaient pas mécontents de retrouver un peu de fraîcheur…
Brian suit de très près l'actualité et se montre guère optimiste sur l'évolution de la situation en Ukraine. L'élection de Trump à la présidence des États-Unis le désespère. Il compte cependant sur un changement en Russie du fait des conséquences économiques de la guerre, des très fortes pertes humaines et de la lassitude d'une partie des oligarques. Il dit détenir des informations selon lesquelles des signes de protestations se manifestent de plus en plus en Russie. Il espère que quelque chose adviendra pour mettre en difficulté Poutine.
Lundi j'ai quitté la Lituanie en regagnant la Pologne. J'ai circulé en Warmie, une très belle région assez accidentée, très boisée et avec de très beaux lacs. Elle faisait partie de la Prusse orientale jusqu'en 1945. Elle est restée depuis le XIIIe siècle jusqu'alors de population majoritairement allemande avec des minorités polonaise, balte et juive. Hitler avait établi ici son principal quartier général, en pleine forêt et constitué d'un complexe de gros blockhaus. On appelle cet endroit la "Tanière du loup" (Wolfsscithanze) et c'est là qu'Hitler a miraculeusement survécu à un attentat le 20 juillet 1944. Tout a été dynamité avant l'arrivée de l'Armée rouge en janvier 1945.
Il ne reste donc que des ruines mangées par la végétation, constituées de gros blocs de béton armé. Un circuit de visite avec chemin balisé est aménagé, avec également des restaurants et des boutiques. Les gens viennent ici en famille et se prennent en photo devant les restes de ce lieu dont on perçoit la démesure et la volonté de puissance. Cela laisse une impression effroyable. Heureusement la nature reprend peu à peu ses droits.
Après une bonne nuit dans une auberge au bord d'un lac, avec des griottiers aux fruits juste mûrs que je ne me suis pas privé de picorer, j'ai repris la route. Bloqué durant deux heures par un grave accident de la circulation sur une petite route, j'ai renoncé à la visite de la grande ville de la région Olsztyn. Je suis directement allé à Malbork.
Malbork, Marienburg en allemand et qui signifie "forteresse de Marie", est une ville de Poméranie au nord de la Pologne, construite autour du vaste château gothique fondé par les Chevaliers teutoniques à la fin du XIIIe siècle. Les ajouts successifs qui témoignent sur 150 ans du pouvoir des Chevaliers amènent à distinguer deux parties, le château moyen et le château bas. De grosses murailles entourent l'ensemble de la forteresse. Tous les bâtis sont en briques rouges. Les Polonais conquirent Malbork au XVe siècle et commença dès lors une longue période de déclin, surtout à partir de la tri-partition de la Pologne en 1772 jusqu'au XIXe, période durant laquelle Prussiens firent de Marienburg un symbole de la puissance germanique. D'importants dommages, aujourd'hui restaurés, ont eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale.
La visite d'environ 3 heures (mais on peut abréger certains passages) doit être accompagnée d'un audio-guide qui en raconte l'histoire et quelques anecdotes. Certains salles contiennent de grandes collections d'armements, y compris orientales.
C'est en fin d'après-midi hier que j'arrivais à Gdansk. J'ai découvert la ville en m'y promenant sous un beau soleil couchant. La foule essentiellement touristique avait envahi la ville principale, c'est-à-dire le quartier le plus ancien qui a été restauré après la Seconde Guerre mondiale. Ce quartier est somptueux, surtout sous cette lumière du soir, et j'en ai profité pour faire des photos.
Sous un soleil de plomb ce matin, les lieux étaient cependant moins mis en valeur. Après avoir été piéton une bonne partie de la journée, j'ai trouvé certains parcours difficiles du fait de grandes artères de circulation qui tracent de larges saignées difficiles à franchir. Gdansk est une très belle ville qui reste néanmoins très minérale en son centre, sans véritables espaces verts.
J'ai fait ensuite la visite du Musée de la Seconde Guerre mondiale ouvert en 2016 dans un bâtiment à l'architecture contemporaine. L'exposition permanente est en sous-sol et se suit de part et d'autre d'une galerie très élevée où des bancs le long du mur permettent de faire des pauses qui peuvent être les bienvenues.
La guerre est surtout vue sous un angle historique polonais mais ne manque pas d'être abordée du point de vue mondial. Elle commence par l'évocation de la Première Guerre et du Traité de Versailles pour essayer d'expliquer le développement des totalitarismes en Europe, nazi en Allemagne, fasciste en Italie, communiste en Russie et franquiste en Espagne, sans oublier l'expansionnisme japonais en Asie. L'accent est mis sur une vision parallèle du Nazisme et du Communisme avec là encore la dénonciation du traité Ribbentrop-Molotov. Dans la perspective polonaise, l'inconséquence et la lâcheté des dirigeants français et britanniques est soulignée. La barbarie avec laquelle les occupants allemands et russes se sont comportés en Pologne est très documentée. Une partie appelée Terror est consacrée à la Shoah et une autre raconte l'histoire de la résistance polonaise mais aussi plus largement européenne.
Certains grandes salles cherchent à mettre le visiteur en situation, comme dans une rue polonaise telle qu'en 1939 et une rue allemande dévastée en 1945. J'ai pu prendre quelques photographies d'affiches de propagande des divers régimes totalitaires, de victimes des camps et celle-ci qui m'a semblé très symbolique. On y voit des arpenteurs ou des géomètres marquer sur le terrain les limites de la frontière qui partageait la Pologne entre les allemands et les soviétiques.
C'est ici que prennent fin ces chroniques et ce voyage vers les Pays baltes.
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