Entre hier et aujourd'hui la météo a bien changé, le soleil a fini par céder à la pluie qui tout à l'heure donnait une toute autre ambiance à la ville, comme apaisée et tranquillisée par un temps plus maussade qui semblait chasser les foules. Ce sont aussi des itinéraires bien différents que j'ai choisis de suivre, les sites touristiques hier et des quartiers plus périphériques aujourd'hui.
Ainsi j'ai commencé à visiter ce que les guides nomment les incontournables : le quartier Hradčany avec le château de Prague, le quartier juif et la vieille ville. Ce qui est d'abord incontournable quand on se rend dans ces endroits, ce sont des masses mouvantes de touristes, parfois si compactes qu'on est obligé de suivre un flot continu de gens sans échappatoire possible. C'est assez oppressant et les visites sont parfois gâchées. J'ai été vraiment gêné par toutes ces personnes qui gravitaient et piaillaient en permanence autour de moi en passant leur temps à photographier avec leurs smartphones. Néanmoins j'ai pu profiter de la découverte du monastère de Strahov et surtout de l'église baroque Notre-Dame-de-Lorette (Loreta) fondée au XVIIe siècle par la Contre-Réforme. Malgré la foule j'ai aussi été saisi par la cathédrale gothique Saint-Guy, dont la construction commencée dès le Xe siècle s'est achevée au XIXe. J'en garde une image où dans une dynamique de formes élancées la lumière propose des traces de blanc, de noirs et de couleurs.
Après un parcours un peu éprouvant sur cette colline de Prague qui domine la Vltava (les allemands l'appellent Moldau et elle se jette dans l'Elbe) je suis descendu me perdre dans le quartier de Malá Strana, certes touristique mais où l'on parvient néanmoins à s'échapper parmi ses petites rues, pour rejoindre enfin le bord de la rivière.
L'enfer, ou plus justement la tourmente touristique, a repris après avoir gravi quelques marches pour atteindre le tablier du pont Charles et rejoindre la rive opposée. Là j'ai pris le temps de déambuler dans le vaste cimetière juif dont les tombes très nombreuses datent du XVe au XVIIIe siècle. Les pierres tombales sont très serrées et paraissent trébucher les unes sur les autres. Elles se superposent sur plusieurs strates, les couches inférieures étant ensevelies et conférant ainsi à l'ensemble une bonne hauteur maintenue par des murs d'enceinte.
J'ai fini la journée du côté de la Vieille Ville qui concentre le plus la population touristique. Le temps était radieux avec une belle lumière de fin d'après-midi et je me suis employé à filmer durant quelques minutes. J'ai essayé de capter, en quelques endroits différents, ce qui se passait avec tous ces visiteurs qui tantôt déambulaient, tantôt s'aggloméraient en un lieu ou un autre.
J'ai commencé aujourd'hui par me rendre à Vyšehrad, cet autre château de Prague, ensemble plus modeste de monuments et d'édifices au sud de Prague et surplombant aussi la Vltava sur sa rive opposée. J'ai marché longtemps depuis le cœur de ville pour atteindre ce joli endroit, très paisible avec une petite rotonde très ancienne, une citadelle, une basilique et un cimetière où reposent de nombreuses célébrités tchèques dont le compositeur Antonín Dvořák.
Le tram, dont je veux souligner la qualité comme moyen de transport dans cette ville, m'a conduit à Žižkov. C'est un quartier assez populaire de l'est de Prague, situé au-delà de la gare. J'ai copieusement déjeuné dans un restaurant populaire une excellente soupe de goulash et un plat à base de viande de porc. Un peu alourdi, j'ai grimpé jusqu'au Mémorial national, un gros parallélépipède précédé d'une gigantesque statue équestre. Construit dans les années 30 ce monument est néanmoins emblématique de la Tchécoslovaquie communiste. L'intérieur est d'une esthétique impressionnante, froide et ostentatoire. La terrasse au sommet du bâtiment offre une belle vue sur Prague.
Après une bonne marche, j'ai fini l'après-midi au Musée National où je me suis plutôt attardé dans les sections historiques. La partie qui va de l'origine du pays jusqu'à la Première Guerre mondiale se trouve dans le bel édifice néo-renaissance construit dans les années 1880 et la partie qui raconte le vingtième siècle dans le nouveau musée que l'on rejoint par une sorte de galerie souterraine avant de prendre un ascenseur. Je me suis d'ailleurs un peu perdu car les indications pour se repérer sont peu visibles. Je suis revenu déçu de cette présentation de l'histoire la plus récente. Il y a peu d'explications sur les années communistes, le Printemps de Prague en 1968, la dissidence avec la Charte 77 ou la Révolution de Velours de 1989. L'essentiel porte sur les modes de vie et les objets du quotidien.
J'ai enfin repris le tram 22 pour rejoindre mon hébergement. Après la pluie, un rayon de soleil est revenu en début de soirée. Demain je prends la route en direction de Katowice en Pologne.

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