Depuis Prague la route m'a conduit hier en direction de la Silésie dont l'essentiel du territoire appartient aujourd'hui à la Pologne. J'en ai traversé une bonne partie jusqu'à Katowice, capitale régionale de 300 000 habitants. Les paysages parfois assez accidentés sont verdoyants.
J'ai d'abord choisi de faire étape ici pour pouvoir me rendre à Auschwitz qui est proche. Après une petite nuit agitée par l'inquiétude de cette visite, je m'y suis rendu de bonne heure ce matin. Heureusement, malgré le très grand nombre de personnes de toute nationalité présentes, tout est bien organisé et se déroule dans un certain ordre et surtout dans le calme. J'ai suivi avec un petit groupe de Français une guide au discours sobre qui a su, en s'en tenant à l'essentiel et aux faits, rendre tangible l'horreur de ce camp où un million et demi de personnes ont été assassinées, dont 90% de Juifs.
Les 4 heures de visite commencent par Auschwitz I, le premier camp créé en 1940 et se poursuivent, après un déplacement en bus de 3 km, à Auschwitz II (Birkenau) qui a été développé à partir de 1942. Auschwitz I, implanté dans une ancienne caserne, est assez ramassé. On se trouve là au plus près des lieux de détention, de torture et d'exécution. C'est ici qu'on passe devant des montagnes de chaussures ou de cheveux et qu'on traverse le complexe d'une chambre à gaz et de fours crématoires. Cette proximité provoque un effroi insoutenable.
De façon différente, Birkenau qui s'étend sur 170 hectares bouleverse par son étendue. On foule d'abord les quais où étaient débarqués et immédiatement triés les déportés. Les plus vaillants, en très petit nombre, étaient sélectionnés pour le travail et dirigés entre autres vers Auschwitz III qui regroupait des usines du complexe industriel allemand. Tous les autres dont les enfants étaient conduits aux chambres à gaz que les nazis ont fait exploser avant leur départ. C'est là que l'horreur se répand dans toute son ampleur.
Je n'ai pas su prendre de photos à Auschwitz I. Je me suis autorisé à en prendre quelques unes à Birkenau.
Hier soir et en fin d'après-midi aujourd'hui j'ai pu faire connaissance avec Katowice qui donne l'impression d'être une ville animée et jeune. Le centre s'organise autour d'une grande place et de plusieurs rues piétonnes, avec deux centres commerciaux importants où l'on retrouve sur plusieurs étages les enseignes habituelles. Quelques beaux bâtiments témoignent d'une richesse passée, les rues plus périphériques montrent des bâtisses délabrées. Des placettes mais aussi de petits terrains vagues regroupent des assemblées bruyantes d'adolescents. Rendant encore plus hétéroclite l'aspect de la ville, quelques bâtiments très récents et élancés émergent par dessus diverses strates de constructions datant du siècle dernier (essentiellement des bâtiments publics).
À mon arrivée hier j'ai d'abord rejoint la place centrale où il y avait une démonstration de majorettes accompagnée par une fanfare. Je les ai regardées un moment et au-delà de l'aspect kitch ou désuet de leur prestation, j'ai trouvé que les performances n'étaient dénuées ni de technicité ni d'un savoir-faire remarquable.
Aujourd'hui j'ai fait la découverte du très beau Musée de Silésie, fondé en 1929 mais en cours de rénovation. L'exposition historique sur la Silésie est une vraie réussite muséographique qui de façon didactique, variée, intéressante et inventive raconte l'histoire de cette région qui a durant des siècles été tiraillée entre l'Allemagne, l'Autriche et la Pologne. Ses terres ont été à la fois d'immigration et d'émigration. Les deux derniers siècles ont été marqués par un très fort essor industriel, lequel a commencé par l'exploitation des mines (charbon et métaux). Après guerre et jusqu'à la fin des années 80 la pollution, passée sous silence par les autorités communistes de l'époque, a provoqué de graves effets sur la santé des habitants.
Des expositions temporaires montrant des travaux d'artistes, par exemple l'un sur la reconstitution d'un dortoir dans une grande salle et l'autre sur la mode et les habits traditionnels silésiens, m'ont également bien plu. Je laisse quelques photos pour finir la chronique de ce soir.
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