Rēzekne, située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Daugavpils dans la région de Latgale, est la ville où je fais étape depuis hier.
Je suis venu jusque là par de petites routes de traverse en faisant deux principaux arrêts. J'ai d'abord roulé jusqu'au bourg d'Aglona où je suis tombé sur cet énorme édifice religieux tout blanc et précédé d'un grand parc, la basilique de l'Assomption fondée au XIXe siècle par les dominicains et établie en 1980 par Jean-Paul II. Cette basilique, richement ornée à l'intérieur, en impose et représente le centre du catholicisme letton. Si dans le reste du pays les catholiques ne sont que la seconde religion après les luthériens en nombre de pratiquants, en Latgale, héritiers de la culture polono-lituanienne, ils sont majoritaires.
Après Aglona, je suis allé voir un musée de la ferme, censé reconstituer une ferme traditionnelle dans un village. J'ai été accueilli par trois femmes en pleine confection joyeuse de pâtisseries. Étant le seul visiteur et sûrement l'unique de la journée, l'une d'elles a spécialement ouvert la maison et ses dépendances pour moi. On y découvre les décors et les objets de la vie quotidienne et laborieuse de la population latgalienne au début du XXe siècle.
Au moment de partir, j'ai eu le plaisir de manger un gâteau fourré à la pomme, tout juste sorti du four et absolument délicieux. J'aurais volontiers discuté davantage avec ces femmes, mais elles ne parlaient pas l'anglais. Nous nous sommes contentés d'échanger nos mines gourmandes.
En milieu d'après-midi j'arrivais à Rēzekne pour m'installer dans un hôtel établi au niveau d'un grand et bruyant carrefour. Heureusement ma chambre donne sur l'arrière où coule une rivière qui traverse cette ville et dont elle porte le nom, ou inversement.
Rēzekne est une ville moyenne de 30 000 habitants, constituée de sept collines, comme son nom l'indiquerait, et que j'ai bien parcourue en divers sens hier soir et aujourd'hui. À la fin de la deuxième guerre mondiale elle a été massivement bombardée par les russes et la plupart des édifices importants ont été dynamités par les allemands avant leur retrait. Il reste donc très peu de la ville historique qui aujourd'hui mélange les immeubles de l'ère soviétique, de petites maisons en bois parfois en cours d'abandon et les constructions modernes des deux dernières décennies, principalement des magasins et un centre culturel imposant, nommé GORS, doté d'une excellente salle de concert et inauguré en 2013. J'ai trouvé le bâtiment beau avec ses lignes obliques et son intérieur dans les noir et rouge qui comprend un vaste hall d'accueil et d'exposition. En plus accentué dans ses structures penchées se trouve aussi le Centre de conférence, bâti au pied de la colline sur laquelle était construit l'ancien château et dont il reste quelques ruines.
Au cours de mes promenades je constatais, ici comme dans d'autres villes des Pays Baltes, combien les parcs, parfois tout petits, sont nombreux et bien entretenus avec souvent des installations de jeu pour les enfants. La circulation des piétons est grandement facilitée grâce à de larges allées qui longent les voies de circulation, souvent séparées de celles-ci par une rangée de plantations, ou qui prennent des itinéraires de traverse. Partout se trouvent des bancs pour s'asseoir, la plupart du temps ils sont occupés.
J'ai passé un moment au musée local qui comprend quelques salles consacrées à l'histoire de la ville. J'ai retenu que Rēzekne a commencé à être habitée au XIIIe siècle et a appartenu comme toute cette région à l'union entre la Lituanie et la Pologne puis à l'Empire russe. Durant la guerre de 14-18 une ligne de front entre les russes et les allemands se trouvait ici et c'est à ce moment-là que s'est développé le réveil national letton ou atmoda qui a permis de créer un état indépendant en 1918. Ce mouvement a débouché en 1917 sur l'organisation du premier congrès des Lettons de Lagtale. Cependant le rattachement à la nouvelle république de Lettonie n'a eu lieu qu'en 1920, après une période de domination politique des bolchéviques.
À cette époque, avec environ 7000 habitants, la population juive était très importante et structurait la vie de la cité. Comme partout dans cette région les Juifs ont été exterminés à partir de 1941 par les Nazis. Cette communauté a quasiment disparu aujourd'hui de Rēzekne.
Le musée comporte également une section sur la poterie et la céramique, très importantes dans cette région et d'une tradition qui remonte au néolithique.
Enfin, ce qui attirait le plus de monde, était un marché aux rosiers où se pressaient des acheteurs qui avaient un très grand choix de coloris rouge, orangé, jaune et même violet. L'une des remarques que je me faisais aussi en marchant était la présence de nombreuses fleurs. Il m'a semblé aussi pouvoir ici entendre le chant des oiseaux, de nouveau comme durant mon enfance.
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